L’adoption croissante des technologies de reproduction assistée (ART) est liée à un phénomène mondial de parentalité tardive, entraînant une diminution de la fécondité et de la fertilité avec l’âge. L’ICSI, initialement introduite pour traiter l’infertilité masculine sévère en 1992, a vu ses indications s’élargir considérablement.
Malgré l’efficacité prouvée de la FIV et de l’ICSI, de nombreux facteurs peuvent influencer leur succès, et les études sur ces facteurs présentent souvent des résultats variés et contradictoires. L’objectif de cette revue est d’établir un terrain d’entente dans la littérature concernant l’effet de l’âge féminin, de la réserve ovarienne, de l’âge masculin et du facteur masculin sur les résultats des ART, afin de fournir aux patients et aux professionnels des connaissances sur les difficultés potentielles et les meilleures approches pour optimiser le pronostic avant de débuter un protocole de stimulation.
Méthodologie Les auteurs ont réalisé une recherche bibliographique systématique dans les bases de données PubMed, EMBASE et MEDLINE jusqu’en juillet 2021. Les mots-clés utilisés comprenaient “ICSI”, “IVF”, “IVF/ICSI” et “predicting factor”. Sur les 234 articles initialement identifiés, 182 ont été retenus après examen des résumés. Finalement, 96 articles originaux ont été inclus, se concentrant sur l’effet de l’âge féminin, de l’âge masculin, du facteur masculin et de la réserve ovarienne sur les résultats de la FIV/ICSI. La revue a inclus des articles rédigés en anglais, portugais ou français, excluant les articles de revue, méta-analyses, articles incomplets ou inaccessibles. De plus, 14 articles jugés d’importance théorique ou historique, ainsi que des lignes directrices spécialisées, ont été ajoutés.
Résultats Clés La revue a exploré l’impact de plusieurs facteurs sur les résultats des ART :
- Âge Féminin:
- L’augmentation de l’âge féminin est un facteur couramment étudié en ART.
- Les études évaluant son impact sur les résultats de la FIV/ICSI ont souvent stratifié les cohortes par âge. Les approches méthodologiques varient, certaines études se concentrant uniquement sur l’âge féminin, tandis que d’autres l’associent à d’autres facteurs prédictifs possibles.
- L’âge féminin avancé et les altérations des marqueurs ovariens de base (comme un faible niveau d’hormone anti-müllérienne – AMH – et de comptage des follicules antraux – AFC, et un FSH basal élevé) sont associés à des résultats plus médiocres.
- Réserve Ovarienne:
- Les altérations des marqueurs de la réserve ovarienne, telles que des niveaux réduits d’AMH et d’AFC, ainsi que des niveaux élevés de FSH basal, sont corrélées à de moins bons résultats.
- Âge Masculin et Facteur Masculin:
- La valeur prédictive de l’âge masculin et du facteur masculin présente des résultats variés et contradictoires dans la littérature.
- L’évaluation de la fertilité masculine est complexe en raison de sa nature multifactorielle.
- Bien que l’évaluation initiale de l’infertilité masculine repose sur la concentration, la motilité et la morphologie des spermatozoïdes, ces paramètres séminaux ont montré une faible valeur pronostique.
- Les altérations de l’ADN des spermatozoïdes (sDNAfrag) gagnent en importance comme facteur pronostique.
- Une étude a rapporté qu’avec une fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes élevée, l’ICSI était associée à des taux d’implantation (IR) et de grossesse clinique (CPR) significativement plus élevés par rapport à la FIV conventionnelle.
- Les méthodes de sélection des spermatozoïdes morphologiquement normaux peuvent conduire à l’utilisation de spermatozoïdes avec une fragmentation de l’ADN plus faible en ICSI.
- Les ICSI réalisées sur des femmes plus fertiles, avec des ovocytes de meilleure qualité et une meilleure capacité de réparation de l’ADN, peuvent compenser l’effet de la fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes.
- Un taux de fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes (DFI) élevé a été un prédicteur pronostique de réduction des CPR, LBR et IR chez les couples ayant une réserve ovarienne réduite, mais pas chez ceux ayant une réserve ovarienne normale.
- Le taux de fécondation (FR) ne semble pas être affecté par un DFI élevé dans les groupes ICSI par rapport aux groupes FIV.
- Le taux de naissances vivantes (LBR) était significativement plus faible en FIV lorsque le DFI était supérieur à 20%, mais pas en ICSI.
- Il existe divers seuils de DFI rapportés dans la littérature, sans limite supérieure absolue pour définir une grossesse infructueuse. Pour le test TUNEL, un seuil de ≥ 20% est consensuellement utilisé.
- Pour les hommes atteints de tératozoospermie complète traités par ICSI, aucune différence significative n’a été trouvée dans les taux de grossesse biochimique (BP), clinique (CP), de fausse couche spontanée et de naissances vivantes, ce qui réaffirme l’importance de la sélection des spermatozoïdes en ICSI pour l’infertilité masculine.
- La capacité de l’ICSI à atteindre des résultats normaux s’explique non seulement par les processus de sélection, mais aussi par la certitude d’introduire le facteur activateur de l’ovocyte.
- Récemment, les couples avec un facteur d’infertilité masculin ont montré des chances de succès légèrement plus élevées que ceux sans.
Conclusion et Implications La revue souligne que malgré l’abondance d’études sur les facteurs prédictifs du succès de la FIV/ICSI face à l’augmentation de la parentalité tardive, les résultats sont variés et souvent contradictoires. Alors que certains facteurs, comme l’âge féminin élevé et les altérations des marqueurs de la réserve ovarienne, sont clairement associés à des résultats plus faibles, la valeur prédictive de l’âge masculin et du facteur masculin reste controversée.
L’ICSI semble offrir des avantages pour surmonter les limitations liées aux problèmes de spermatozoïdes, notamment la fragmentation de l’ADN et la tératozoospermie, en améliorant potentiellement les taux d’implantation et de grossesse clinique, et en garantissant l’introduction du facteur d’activation de l’ovocyte. Cependant, les auteurs mettent en garde contre une interprétation hâtive des conclusions concernant la fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes, en raison de la variété des techniques d’évaluation et des seuils utilisés.